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L'Echangeur / balançoires

Kyoto, Japon, 2010

Installation pour la performance Les opérateurs d’échanges
de Judith Cahen et en prévision des 20 ans de la Villa Kujoyama
Avec la complicité artistique de Pauline Giraud
Situation: Villa Kujoyama, Kyoto
Dimensions : 28x45x220 cm
Bois, corde


>> Kujo

 

Les crises ont ceci de vertueux qu'elles permettent de rebattre les cartes et même, lorsque l'enjeu est important, de doubler la mise.

La cause est délicate car on sent bien que le doute s'infiltre sur la Villa Kujoyama, tel un filet d'eau sourd et circule invisible. Qu'en ces temps décisifs et bouleversants, les dizaines de projets qui émergent chaque année, la présence continue d'artistes et de chercheurs frnçais en terre japonaise qui modifie la manière de penser la relation franco-japonaise, les expériences et les vies transformées, les oeuvres imaginées dans ce lieu privilégié de l'échange, que tout ceci ne porte pas au plus loin l'enthousiasme et la conviction, voilà qui est extravagant. […]

Jean-Paul Ollivier, “ Pour célébrer l'échange à nouveau ”
Mimi n° 23, 01-2009, Villa Kujoyama

 

" Comme je cherche des opérateurs d'échange, les outils universels dont la construction et la forme donnent le passage ou permettent la transformtion, voici l'échangeur dans une forme simplifiée: quand vous vous balancez, vous passez de la descente à la montée ou de la face à l'herbe rase à la vue du firmament, d'avant en arrière ou de l'Ouest à l'Est? Vous variez, certes, et volez jusqu'au vertige.

Mais, comme la machine simple vous ramène, inversement, à la position que vous aviez tantôt quittée, elle figure aussi une balance ou un bilan, stable par sa variation, donc, dans le changement, la justice.

Autour d'elle, dans la pièce de Claudel
(l'Echange), tel homme quitte sa femme pour prendre celle qu'un autre homme laissa pour acheter ou payer la première; au milieu du ballet fondu et croisé, trône cette table fixe de change mobile qui mime, compte, mesure et, finalement, annule les coups. Ses mouvements divers tendent vers l'immobilité blanche.

A changer d'acteurs, de protagonistes ou d'histoires, évidemment ce balancier demeure, que l'on rie ou que l'on pleure, puisqu'il marque le temps des combinaisons mornes et de leur diversité: variable par nos manigances, il reste invariant par nos tentations ingulières et nos incessantes tribulations. Versant autour d'une barre unique, on peut le dire universel.

Intermède en prière jaculatoire. Que Michel Wasserman, maître de l'ouvrage et bon génie du lieu, accepte d'accéder à la demande jardinière que je formule aujourd'hui: qu'en souvenir de Paul Claudel et de sa pièce de théâtre, qu'en mémoire de son amour du Japon que nous partageons, il fasse installer, dans les jardins de Kujoyama, une grande balançoire, sur laquelle les pensionnaires des deux sexes et de nos deux pays, pourront méditer, à loisir, sur ce modèle réduit des outils de l'échange. […] "

Michel Serres , “Pour célébrer l'échange ”,
Discours inaugurale de la Villa Kujoyama, 1992

 

 

 
 
 
 
 
 
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